Valorisation du pneu rechapé dans les commandes publiques
14 février 2023
Les vertus environnementales du rechapage : l’État montre l’exemple
Quelques lignes seulement ajoutées en 2020 à l’article L. 2172-6. du code de la commande publique ont profondément changé les habitudes d’achat des organismes d’État : « Dans un souci de préservation des ressources naturelles, les achats de pneumatiques effectués par l’État, les collectivités territoriales et leurs opérateurs portent sur des pneumatiques rechapés (…) ».
Quelques lignes qui permettent à l’État d’afficher clairement les vertus environnementales du rechapage et d’en faire la preuve par l’exemple. Que peut-on attendre de ces mesures ? Explications.
Le rechapage en quelques mots
Le rechapage consiste à remettre une nouvelle bande de roulement sur un pneu qui a atteint sa limite d’usure. Le principe est simple, mais la mise en œuvre exige l’utilisation de technologies de pointe et des savoir-faire spécifiques pour garantir une qualité et une sécurité équivalentes à celles des pneus neufs. Les pneus rechapés doivent d’ailleurs être fabriqués dans les ateliers homologués – c’est le cas pour ABR – et sont soumis aux mêmes tests et normes que les pneus neufs. Ce mode de production locale, durable et responsable a fait entrer le rechapage de plain-pied dans le monde vertueux de l’économie circulaire.
Et ce n’est pas un détail : en 2015, dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, le gouvernement a fait du concept d’économie circulaire un des piliers du développement durable et un objectif national.
« Faire de la commande publique un levier pour déployer l’économie circulaire du pneumatique poids lourd »
Avec l’article L. 2172-6. du code de la commande publique, l’État devient lui-même un acteur de poids de l’économie circulaire et du pneumatique poids lourd en particulier. Autrement dit, l’État veut montrer l’exemple. Comment cela se traduit-il concrètement pour la filière du rechapage?
- Les appels d’offres sont publiés sur une plateforme nommée RAPIDD, créée à l’initiative du ministère de l’Environnement ; elle rassemble les acheteurs publics qui souhaitent donner une dimension « développement durable » à leur démarche.
- Les acheteurs publics doivent intégrer dans leur cahier des charges une clause environnementale qui prévoit obligatoirement le recours à des pneus rechapés.
- Les prestataires qui répondent aux appels d’offres doivent déclarer la proportion de pneumatiques utilisés issue de la filière du rechapage.
- Des points supplémentaires sont attribués aux prestataires qui proposeront des véhicules équipés de pneus pouvant être rechapés, c’est-à-dire de pneus premium multivies*
Ces nouvelles exigences sont accompagnées par une communication technique et pédagogique qui explique parfaitement les avantages économiques, écologiques et sécuritaire de l’utilisation de pneus rechapés pour les poids lourds. Comment évaluer l’impact d’une telle mesure ? L’État a pris pour référence les chiffres de 2019 : sur la totalité des pneus poids lourd vendu en France, 39 % sont rechapés. Il faudra donc faire mieux.
Économie, écologie et sécurité : le trio gagnant du rechapage
Le rechapage a gagné ses lettres de noblesse en se plaçant en pôle position des trois critères incontournables du transport poids lourd : la compétitivité, la sécurité et le respect de l’environnement.
La compétitivité :
les entreprises doivent trouver un intérêt économique dans l’utilisation de pneus rechapés pour leur flotte de camions. C’est le cas dès l’achat d’un pneu rechapé qui coûte jusqu’à 40 % moins cher qu’un pneu neuf équivalent. Sachant que si l’entretien des pneumatiques a été fait correctement et régulièrement et que la carcasse ne donne aucun signe de faiblesse, un pneu peut-être rechapé au moins deux fois. (C’est en tout cas le cas chez ABR grâce notamment à l’utilisation de mélanges de gommes premium)
La sécurité :
la fabrication de pneus rechapés est très encadrée et ne peut se faire que dans des ateliers homologués. Le contrôle, la sélection et la préparation des carcasses sont faits par des opérateurs experts, formés à cet effet. Un pneu rechapé doit répondre aux mêmes exigences de sécurité qu’un pneu neuf et offrir les mêmes performances.
Le respect de l’environnement :
Le rechapage permet de prolonger l’espérance de vie d’un pneu. La carcasse est conservée et, quelle que soit la technique de rechapage utilisée (rechapage à chaud ou à froid), il faudra moins de matière première. Le Centre français du Caoutchouc et des Polymères (CFCP) avance les chiffres suivants :
- Moins d’émissions de CO2, soit 6 tonnes de dioxyde de carbone non rejetées dans l’atmosphère pour 100 pneus rechapés fabriqués.
- Moins de matière première consommée : 1 rechapage = 50kg de matière première en moins (70 % de gain par rapport à la fabrication d’un pneu neuf)
- Moins de déchets : 1 pneu rechapé, c’est un pneu en moins à jeter
Pour mieux comprendre le sujet…
- Pneu multi-vies : c’est un pneu conçu pour avoir plusieurs vies. La carcasse est plus robuste et de meilleure qualité ; elle coûte plus cher à l’achat, mais sa durée de vie peut-être multipliée par 2 ou 3.
- Pneu mono-vie : c’est un pneu « low cost », pas cher à l’achat, mais qu’il faudra jeter après usure. Ces pneumatiques, fabriqués en Asie, ne sont pas rechapables.
- Économie linéaire : modèle économique qui consiste à extraire, produire,consommer et jeter
- Économie circulaire : modèle économique qui vise à produire de manière durable en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental.