ABR participe à la semaine du tourisme économique et des savoir-faire
14 février 2023
Visite guidée des coulisses d’ABR pour 10 privilégiés
Ils étaient dix cet automne à se retrouver sur le parking de l’entreprise ABR rechapage à Plomelin en Finistère, avec, au programme, la visite guidée de l’usine. C’est la première année qu’ABR participe à la semaine du tourisme économique et des savoir-faire et c’est sans doute la seule fois de l’année que l’entreprise, qui n’est pas conçue pour recevoir du public, fait entrer des « extérieurs » dans ses coulisses. L’occasion est donc trop belle : l’usine qui rechape des pneus poids lourds est un bel exemple de recyclage. Pour les accueillir, Nicolas Friedrich, responsable marketing et logistique.
Vous avez dit « rechapage » ?
Avant d’aller plus loin et pour ne rien perdre de cette visite passionnante, commençons par rappeler le principe du rechapage : il s’agit de fabriquer un pneu neuf à partir d’une carcasse de pneu d’occasion, sur laquelle on vient poser une « semelle » de gomme neuve. Après cuisson, le pneu repart pour une nouvelle vie. Nous verrons au cours de la visite que le procédé est très technique, mais le principe est celui du recyclage. Et si l’actualité climatique a rendu ce terme populaire, sachez qu’ici, on recycle des pneus depuis 1933.
Des « semelles » de gomme XXL
Dans ce magasin de semelles XXL organisé en allées, des dizaines et des dizaines de rouleaux de bandes de gomme, crues ou présculptées. Les motifs sont assez graphiques, faites de bandes parallèles ou de motifs croisés plus ou moins saillants selon l’usage qui en sera fait : longue distance, transport de passagers ou de marchandises, travaux publics, etc., À chaque usage son pneu. Ici, ça sent fort le caoutchouc, mais étonnamment, l’odeur s’estompe au fil des étapes de fabrication.
Étape cruciale : la sélection des carcasses
« Sur 100 carcasses sélectionnées, 75 % seront finalement valorisées».
Pour rechaper un pneu, il faut une bonne carcasse. Une équipe dédiée est chargée de collecter les pneus à recycler chez les professionnels. Le rôle des collecteurs est essentiel : tous les pneus usés ne pourront pas bénéficier d’une nouvelle vie. Et même si la sélection finale sera assistée par une machine, rien n’a encore remplacé l’œil aiguisé et la main experte de l’homme en charge du premier tri.
Traçabilité au top
Tous les pneus ont un numéro de matricule, sorte de fiche d’identité qui assure sa traçabilité tout au long de sa vie. À partir du moment où un pneu est déclaré à son reconditionnement, une fiche de suivi est créée qui permet de savoir qui est intervenu et à quelle étape. Pour chaque pneu rechapé, ce sont dix personnes qui interviennent dans le processus. Malgré l’hyper sophistication des machines, rien ne remplace l’intervention humaine.
Rechapage à froid, rechapage à chaud : une coquetterie à la française
Il existe deux techniques pour rechaper les pneus, elles sont présentées dans le site. La plus répandue dans le monde est celle dite à « froid » où la carcasse est recouverte d’une bande prémoulée déjà profilée. La cohésion avec la carcasse est assurée par une vulcanisation à 115°C pendant 4 heures.
Mais en France, à côté du rechapage à froid, on pratique aussi le rechapage à chaud qui utilise de la gomme crue. Ce sont le moule et une cuisson d’une heure sous presse à 160°C qui donneront son aspect final au pneu. Quelle est la différence entre les deux procédés ? L’esthétique. À chaud, on ne voit pas que le pneu a été rechapé. En termes de qualité, chaud, froid, même résultat.
Une équipe à l’enthousiasme communicatif
Si les visiteurs du jour n’avaient pas tous l’âge de la retraite ou presque, il est probable qu’à l’issue de la visite menée par Nicolas Friedrich, la plupart postuleraient pour renforcer l’équipe des 35 salariés d’ABR. L’enthousiasme du guide et du personnel rencontré pendant la visite était assez convaincant. Nicolas Friedrich l’a rappelé au début de la visite : « nous sommes tous venus dans le pneu par hasard, mais le métier et le projet de l’entreprise plaisent ». Est-ce parce qu’ici, aucune machine ne peut mieux travailler que l’homme ? Est-ce parce que le pneu joue un rôle crucial en matière de sécurité ? Est-ce la taille de l’entreprise, familiale ? Son « 100 % » local ? Sans doute tout ça à la fois.
Les questions du public
> Est-ce qu’ABR propose des pneus rechapés pour les voitures de tourisme ?
Réponse : ABR ne le fait pas. Il y a une trop grande diversité de pneus. Quelques entreprises françaises en ont fabriqué, mais, quand les pneus chinois sont arrivés sur le marché, elles ont dû renoncer. Les pneus chinois sont d’une qualité très médiocre, mais un pneu neuf chinois coûte le même prix qu’un pneu recyclé. Reste quand même en France un acteur dynamique dont le marché semble prendre un peu d’ampleur.
> Est-il possible de rechaper les pneus d’avion pour les engins agricoles ?
Réponse : le flanc des pneus d’avion est très épais et lorsqu’ils sont gonflés à bloc, ils abîment le sol et sa biodiversité. De ce fait, la production semble toucher à sa fin.
> Combien de fois peut-on recycler un pneu ?
Réponse : au moins une fois. Parfois deux pour les pneus poids lourds et parfois trois pour les pneus agricoles.
> Quel est le marché d’ABR ?
Réponse : ABR représente 3,5 % du rechapage poids lourds, auxquels il faut ajouter le rechapage des pneus de remorques agricoles et quelques pneus spécifiques. Les pneus ABR sont aussi sur le tarmac des aéroports de Roissy et d’Orly !
> Que fait-on des déchets de pneus ?
Réponse : le pneu, est un carburant pas cher pour les cimenteries. Il peut aussi entrer dans la composition de terrains d’athlétisme, de semelles de chaussure et de certains enrobés.
> De quoi est composé un pneu ?
Réponse : de caoutchouc naturel, de dérivés du pétrole, de fils d’acier, de nombreux autres produits mais surtout du travail de l’Homme.
> Combien pèse un pneu poids lourd ?
Réponse : le plus lourd pèse 80kg
> Quelle économie avec un pneu rechapé ?
Un pneu neuf coûte environ 40 % plus cher qu’un pneu rechapé.
Le pneu peut impacter de manière sensible le budget d’un transporteur. L’économie environnementale elle est de l’ordre de 20 kg de matière consommée au lieu de 80 kg pour un pneu neuf.
Anecdote – Les pneus ABR sur le tarmac de Roissy et d’Orly
Les pistes d’aéroport sont très abrasives et les pneus poids lourds avaient une durée de vie de deux mois. ABR a mis au point une gomme spécifique qui permet aux pneus de durer 6 à 18 mois, soit trois fois plus longtemps.