Collecteur de pneus, un métier aux avant-postes du rechapage
14 août 2023
Nous sommes un mardi du mois de juin 2023, 14h, au Garage Profil Plus d’Hennebont dans le Morbihan. Pour Laurent Morel, collecteur de pneus à rechaper chez ABR, c’est le dernier chargement d’une journée qui a commencé à 5h30. De Lamballe au sud Morbihan, son secteur à lui, c’est la Bretagne. Collecteur, c’est le premier maillon de cette filière de recyclage : c’est lui qui récupère la matière première indispensable à la fabrication de pneus rechapés pour les poids lourds. Pour bien comprendre tous les enjeux de ce métier, nous avons suivi Laurent dans son dernier chargement. Passionnant.
Le tri des pneus
Les pneus des transporteurs arrivés à leur limite d’utilisation sont collectés par le garage Profil + et attendent sagement en rang d’oignon l’inspection hebdomadaire de Laurent. Bientôt, il remplira ses formulaires sur une tablette numérique, mais pour l’instant, c’est papier, crayon et une ligne à remplir par pneu. La première information reportée est le numéro de matricule du pneu qui lui a été attribué le jour de sa fabrication. La traçabilité existe aussi en pneumatique.
Carcasse, bande de roulement, flanc, talon : tout est passé en revue. Un manuel de rechapage propre à l’entreprise ABR guide Laurent dans sa sélection. Cette étape est évidemment cruciale : il faut éviter, autant que possible, de remplir le camion de pneus qui iront finalement à la benne.
Des conditions de tri pas toujours faciles
Laurent arrive à contrôler une quinzaine de pneus à l’heure mais admet qu’il n’est pas toujours possible de tout voir. Aujourd’hui, il fait beau et sec mais il arrive que le tri se fasse de bonne heure et de nuit ou sous la pluie. Heureusement, il sait qu’il peut compter sur l’expertise de ses collègues du contrôle entrée qui viendront valider les pneus à l’usine de Plomelin (Finistère). D’autres tests qualité viendront confirmer la faisabilité du rechapage lors de la production.
La collecte, un moment privilégié avec le client
Lorsque Laurent démarre sa journée, son camion n’est pas vide. Il profite de sa tournée pour livrer les pneus fraîchement rechapés aux points de collecte qui sont aussi des points de vente. Tous les garages avec lesquels ABR travaille appartiennent à l’enseigne Profil Plus qui a l’exclusivité de la vente des pneus ABR. Le collecteur joue ainsi un rôle clé : ses passages réguliers aux points de collecte complètent parfaitement l’intervention plus ponctuelle des commerciaux. “Nos collecteurs voient plus souvent nos clients que nos commerciaux ! Ils jouent un rôle stratégique : ils sont à la fois l’image de l’entreprise et un relais.”
Nicolas Friedrich, responsable ADV, Marketing et logistique.
Collecteur de pneus : un métier polyvalent
Laurent Morel est chauffeur routier depuis 23 ans et a été embauché assez récemment chez ABR pour remplacer un départ en retraite. Pour lui, le métier de collecteur coche toutes les cases :
”On ne fait pas que rouler : il y a le contact avec le client qui est très important et une vraie responsabilité : pour recycler du pneu, il faut d’abord le collecter.
Ce que j’apprécie aussi, c’est que ma journée se termine quand j’ai terminé mes tournées. Et tous les soirs, je suis chez moi. C’est très appréciable, pour peu qu’on ait une vie de famille et un potager !”
Collecteur, un métier attractif
Le métier est visiblement attractif puisqu’il y a assez peu de turn-over sur ces postes, sauf quand il y a un départ en retraite ou la création d’une nouvelle tournée. Ils sont six collecteurs à se partager la France : Laurent en Bretagne, Quentin en Vendée et Pays de Loire, Louis-Marie en Normandie, Centre et Paris, Marouane pour l’Est de la France au départ de Brive la Gaillarde, Benjamin s’occupe du Sud et du Sud-ouest et Thomas va de Saintes à Quimper en passant par la Rochelle.
A la fin de la collecte, nous avons pu poser quelques questions à Nicolas Friedrich (NF), responsable ADV, Marketing et logistique, sur place ce jour-là.
Pourriez-vous nous rappeler le principe du rechapage ?
Le rechapage est un processus qui consiste à remettre une nouvelle bande de roulement sur un pneu usagé, ce qui permet de prolonger sa durée de vie et de réduire les coûts (et l’impact écologique) liés à l’achat de nouveaux pneus.
Pourriez-vous nous en dire plus sur les critères de récupération des pneus
NF. : chaque entreprise de rechapage à ses propres critères reportés dans ce que nous appelons le manuel d’acceptation. Il y a cependant des critères communs à tous qui excluent d’office la possibilité de recycler un pneu : une carcasse abîmée, un pneu qui a roulé à plat (marbré), etc.
La marque des pneumatiques fait-elle partie des critères de sélection pour le rechapage ?
NF.: En théorie, tous les pneus peuvent être rechapés mais la qualité de départ conditionne la qualité du rechapage. Nous avons donc une vraie préférence pour les marques des groupes Premiums comme Michelin, Goodyear, Bridgestone, Dunlop, Continental.
Que deviennent les pneus que vous ne récupérez pas ?
NF.: La filière est bien organisée. Sur les sites de collecte, il y a une benne et quand un pneu n’est pas sélectionné par un collecteur, c’est là qu’il est placé. Il sera ensuite recyclé par l’entreprise Aliapur pour être transformé en combustible pour les cimenteries par exemple, en remplacement des énergies fossiles, ou utilisés entiers ou broyés pour être utilisés dans les travaux publics comme remblai allégé ou murs de soutènement ou encore, broyés finement, ils serviront à la fabrication de revêtement de sols pour des terrains de jeux.
